C’est avec elles que professeur.e.s et animateur.rice.s discutent plus volontiers du sentiment amoureux. Au contraire,
l’attention portée aux émotions et sentiments sera moins fréquente pour les garçons et les encadrants auront tendance à être
moins empathiques avec eux. «Avec les garçons, ces conversations sont davantage teintées d’ironie», constate Kevin Diter. D’ailleurs, quand on interroge les garçons sur l’amour, ils disent plus fréquemment que c’est dégoûtant ou se montrent mal à l’aise.
Dans la fabrique des garçons, Sylvie Ayral, doctorante en sciences de l’éducation, nous explique qu’à l’école, les garçons
subissent une double pression : on leur dit qu’il faut être obéissant, appliqué… Mais s’ils sont trop sages, leur camarades vont les traiter «d’intellos», de «gonzesses» ou même de «soumis». Implicitement, on s’attend à ce que les garçons soient indisciplinés, rebelles, fumistes. Cette pression exercée par les pairs est
naturalisée par l’école : «les garçons sont naturellement plus turbulents, moins appliqués, etc.» entend-on régulièrement. Pour un garçon «la seule émotion qu’on va tolérer socialement, c’est la colère et les débordements qui vont avec».